Septembre 2020
Tribune de Patrick Nossent, Président de Certivéa et Cerway

Alors que le gouvernement consacre la rénovation énergétique des bâtiments comme l’un des leviers centraux du plan de relance, prenons le temps de nous interroger sur la stratégie que nous souhaitons vraiment mettre en œuvre. Car face à l’urgence climatique, il nous incombe de déployer des solutions percutantes, innovantes pour immédiatement faire baisser les flux en énergie et durablement changer nos modèles de consommations. Sobre, bas carbone et agile, le bâtiment doit devenir le socle de ce changement de paradigme dans notre rapport à l’environnement et à l’énergie.
La rénovation énergétique, préalable essentiel pour atteindre la neutralité carbone en 2050
La rénovation énergétique fait aujourd’hui consensus car elle permet de réduire l’impact environnemental des bâtiments, de faire baisser les besoins en énergie et ce faisant de réduire les charges pour les usagers. Soutenir la rénovation énergétique, c’est aussi relancer un secteur du bâtiment durement touché par la crise.
Mais l’urgence climatique nous oblige à voir au-delà de l’enjeu de l’efficacité énergétique pour appréhender de front la réduction de l’empreinte carbone, la préservation de la santé des occupants, le redéveloppement de la biodiversité et la résilience face aux chocs climatiques inévitables de ces prochaines années. Tout ceci plaide en faveur d’un plan de rénovation plus global et surtout plus ambitieux pour notre parc de bâtiments.
Sur la question de la réduction drastique de l’empreinte carbone des bâtis, le choix des matériaux, les sources d’énergie et la façon dont cette énergie sera consommée, pilotée, partagée sont des enjeux cruciaux.
Pour réduire l’empreinte carbone, conjuguons efficacité et agilité énergétique
Le vrai changement de paradigme dans notre rapport à l’énergie est d’admettre de ne pas approvisionner de manière linéaire un bâtiment. Plus agiles et flexibles, les flux de consommations énergétiques doivent s’adapter au plus près des besoins réels des occupants.
Or ces besoins fluctuent au fil du temps et même de la journée. Un immeuble de bureau n’a pas les mêmes apports nécessaires en connectivité, en éclairage, en chauffage selon que l’on est en matinée, en semaine, pendant l’été ou en week-end. Et l’exemple vaut pour une école, une mairie, un commerce, un stade municipal ou un musée.
Le numérique responsable, clé de voûte de l’agilité énergétique du bâti
Cette hyper optimisation des consommations en énergie du bâtiment est rendue possible par l’apport d’un numérique responsable. En d’autres termes un numérique qui apporte plus de bénéfice énergétique et environnemental qu’il n’en coûte. Grâce à l’installation de solutions de gestion et de pilotage des données énergétiques, les propriétaires peuvent ajuster le dimensionnement des équipements, les locataires peuvent quant à eux faire évoluer leurs contrats d’approvisionnement tout en respectant les besoins et le niveau de confort que les usagers attendent.
Les solutions numériques dédiées à l’efficience énergétique permettent d’intervenir sur trois niveaux de décision. Premièrement la maîtrise de l’énergie : la collecte de données qualitatives permet d’avoir une mesure précise, en temps réel des consommations du bâtiment, sous réserve bien entendu qu’elles soient correctement mises à disposition. On met ensuite en œuvre une véritable stratégie énergétique pour le bâti à partir des informations captées. Le deuxième niveau de décision porte sur la flexibilité : comment piloter la consommation de son bâtiment en fonction de sa production d’énergie, des tarifs ou des demandes extérieures de modulation des consommations énergétiques. Cette aptitude permet in fine de faire de remarquables économies, de favoriser l’approvisionnement en électricité produite à partir d’énergies renouvelables locales, voire même d’être rémunéré pour avoir mis à disposition ses gisements de flexibilité.
Quid des réseaux smart grids ?
Le potentiel de ces bâtiments agiles peut pleinement s’exprimer dès lors qu’ils sont reliés à des ‘smart grids’. En France, plus d’une quarantaine de projets de ces réseaux intelligents sont en cours de développement. On peut regretter que leur mise en service tarde encore, mais surtout la question de la souveraineté des collectivités sur la gestion de leur réseau et la gouvernance des données énergétiques qui circuleront n’est, à l’heure actuelle, pas du tout réglée.
L’avènement d’un modèle de smart grid responsable et garant de la souveraineté du territoire permettra in fine de déployer cette agilité énergétique à échelle des collectivités.
Des bâtiments agiles, prêts pour accueillir des améliorations plus globales
Ces bâtiments et infrastructures rénovés pour intégrer cette agilité énergétique grâce à l’apport de solutions numériques, sont par ailleurs plus à même d’accueillir des améliorations en matière de sécurité sanitaire, notamment de gestion de la qualité de l’air, et de pilotage de l’intensité d’usage des surfaces. Les investissements structurels sont en effet communs à l’ensemble de ces solutions. Ainsi parés, nos bâtiments doivent se faire à la fois sobres et acteurs de l’amélioration de la qualité de vie et de la lutte contre les dérèglements climatiques.
L’urgence climatique nous oblige donc aujourd’hui à avoir une vision holistique de tous les enjeux auxquels le bâtiment doit répondre. Le réchauffement de la planète se poursuit implacablement, nous poussant toujours plus à conjuguer performance et résilience pour nos cadres de vie. Et c’est pourquoi, il nous faut faire preuve d’une ambition et d’une détermination sans faille dans la rénovation globale de notre parc de bâtiments grâce à des solutions bas carbone d’efficacité énergétique potentialisées par le numérique.